Perdus en mer : Impact d’une expérience de survie en mer sur les capacités psychologiques, physiologiques et cognitives (RAD’LOˆ)
Le Roy, B., Martin-Krumm, C., Poupon, C., Rouquet, C., Trouve C., Jego, C. , Giaume, L., & Trousselard, M.
Contact : barbara.m.le.roy@gmail.com
Résumé de l’article publié le 28/08/2024 dans European Journal of Trauma & Dissociation
La survie dans un environnement extrême impose des exigences physiologiques et cognitives élevées à l’individu. Ces environnements sont caractérisés par des stimuli spécifiques, notamment une stimulation sensorielle inhabituelle et l’incertitude, qui induisent un stress intense.
Ainsi, les objectifs de cette étude sont : i) d’évaluer l’impact d’une simulation de survie en mer de cinq jours sur les capacités adaptatives humaines, en se basant sur l’évaluation de mesures psychologiques, cognitives, physiologiques et sensorielles ; et ii) d’évaluer la récupération.
Méthode : Vingt-et-un participants en bonne santé ont pris part à une simulation de cinq jours à bord d’un canot de sauvetage ou d’un radeau gonflable. Des mesures psychologiques, physiologiques, sensorielles et cognitives ont été enregistrées avant le départ (point de référence), à la fin de l’expérience (post-expérience) et durant la semaine qui a suivi (récupération).
Résultats : Les résultats sont sans équivoque. La rudesse de l’environnement a affecté la majorité des réponses de l’organisme. Sur le plan cognitif, les performances mesurées avec Mindpulse se sont considérablement détériorées. Sur le plan psychologique, on a observé une baisse de l’humeur, une diminution de l’acuité extéroceptive subjective, des troubles du sommeil, une augmentation de l’énergie et une diminution du stress perçu. Sur le plan physiologique, une baisse a été enregistrée en ce qui concerne les mesures du système nerveux autonome. Sur le plan sensoriel, nous avons observé un état d’hypervigilance et d’hypersensibilité aux stimuli de l’environnement externe. La proprioception a été profondément affectée. De plus, lors de la phase de récupération, de nombreux individus ne se sont pas complètement rétablis ou se sont encore détériorés, notamment en ce qui concerne le sommeil, les capacités interoceptives et la distorsion sensorielle. Il semble que les participants aient adopté un état d’hibernation psychologique, associé à une augmentation de la charge physique et cognitive ainsi qu’à une hypervigilance sensorielle.
Conclusion : Ces résultats soulèvent la question des risques auxquels pourraient être confrontés les astronautes lors de futures missions spatiales de longue durée, car ils devront maintenir leurs performances cognitives à un niveau élevé pour pouvoir répondre aux exigences de l’environnement et rester en vie. Il est essentiel de continuer à explorer des contre-mesures pour soutenir l’adaptation des équipages dans les futures missions spatiales.