Cas Clinique : Madame I, 53 ans, AIT
Contexte de l’évaluation : Mme I, âgée de 53 ans, a été victime d’une suspicion d’AIT il y a 6 ans, n’ayant pas pu être objectivé à l’imagerie, malgré les signes cliniques sans ambiguïté. Elle présente depuis une forte plaine attentionnelle et exécutive et a dû modifier significativement son activité professionnelle en conséquence (temps de travail réduit et reclassement professionnel). Malgré cela, elle exprime une très importante fatigabilité et le sentiment d’être débordée par chaque action de la vie quotidienne.
Mme I présente un haut niveau d’éducation, ne présente pas de perturbation thymique, de troubles du sommeil ni d’antécédent en dehors de cet épisode AIT.
Mme I est d’excellent contact, mais présente une fatigabilité alarmante. Il est nécessaire de faire de nombreuses pauses, elle fournit des efforts colossaux pour maintenir son attention et restée mobilisée efficacement sur les différentes épreuves. Mme I met en œuvre d’excellentes stratégies de compensations, mais qui lui sont très coûteuses. On note de nombreuses persévérations, des difficultés de flexibilité qui se retrouvent ponctuellement au travers du bilan.
WAIS-IV : elle met en évidence un fonctionnement hétérogène de qualité, allant de la zone supérieure / très supérieure pour l’indice de compréhension verbale (ICV) à la moyenne faible pour l’indice de mémoire de travail (IMT). La patiente présente un excellent niveau de fonctionnement avec toutefois une fragilité en mémoire de travail qui semble essentiellement lié à des difficultés attentionnelles et exécutives pendant la passation des épreuves. Bien que dans la norme, ce domaine contraste de manière drastique avec le reste des performances de Mme I, et souligne une atypicité dans ces fonctions spécifiques.
Épreuves FEA : Les outils classiquement utilisés en neuropsychologie (Stroop, D2-r ; PASAT ; test des commissions, fluences verbales, etc.) ont été utilisés afin d’évaluer le fonctionnement exécutif de Mme I. Cependant, ses performances restent dans la moyenne en dehors de quelques exceptions, malgré des difficultés qui apparaissent évidentes dans l’analyse et l’observation clinique.
Mme I est épuisée à la fin de chaque épreuve et met en jeu une concentration extrême. Elle s’emploie de toutes ses forces à fournir un effort cognitif et compenser ses difficultés, ce qui se révèle efficace d’un point de vue psychométrique, mais ne peut être maintenu de manière durable dans le temps ou dans son quotidien. Cet effort est atypique, tout particulièrement compte tenu du niveau intellectuel de Mme I, et entre en contraste avec son fonctionnement antérieur qui ne se retrouve pas de manière psychométrique dans ces épreuves.
Le MindPulse met en évidence une vitesse perceptivo-motrice particulièrement rapide chez Mme I (TRS : z=-1,24), sans ralentissement de la vitesse exécutive (z=-0,20) qui apparait dans la moyenne. En revanche, Mme I commet trop d’erreurs, qui restent donc limites (z=1,43), avec un ajustement à la difficulté mettant en avant un sur-ralentissement chez cette patiente, qui est généralement observé chez les patients anxieux (RD : z=1,60).
L’équilibre exécutif et attentionnel apparait perturbé, avec une altération de la vigilance, qui se traduit par un nombre atypique de réponses aberrantes (z=1,20) et une forte variabilité attentionnelle aux cours des différentes épreuves (z=1,93) mettent en évidence la difficulté pour Mme I de maintenir un niveau d’attention constant dans le temps. Le contrôle exécutif apparait également altéré dans son ensemble, avec une atteinte toute particulière de l’inhibition avec une forte impulsivité (z=1,75) qui est mise en évidence via des réponses anticipées en début de chaque épreuve.
Conclusion : Mme I présente un fonctionnement cognitif d’excellente qualité avec un surinvestissement verbal qui apparait dans la zone très supérieure à la moyenne chez une patiente qui présente cependant une fragilité en mémoire de travail, qui reste toutefois dans la moyenne faible. L’écart observé est cependant très significatif d’une fragilité exécutive plus générale, qui n’est toutefois que difficilement observé au travers des épreuves peu sensibles traditionnellement utilisées en Neuropsychologie.
En effet, Mme I présente une altération du contrôle exécutif général qui apparait cependant modérée comparativement à la population de référence, mais est en très fort décalage avec ses capacités par ailleurs, ce qui illustre parfaitement la plainte et la sensation de ralentissement et de difficulté de cette patiente au quotidien ainsi que dans son travail. Une très importante fatigabilité s’observe par ailleurs avec des effets de débordement et de saturation importants. La patiente est tout à fait capable de se mobiliser et de fournir des performances satisfaisantes mais au prix d’un effort atypiquement élevé qu’elle ne peut pas maintenir sur la durée et dont les répercussions perdurent dans le temps.
Le MindPulse permet ici d’objectiver, de quantifier et de caractériser qualitativement la plainte de Mme I en allant dans le sens des observations cliniques réalisées pendant l’évaluation, là où les outils habituels ne permettaient pas de mettre en évidence de perturbation compte tenu du haut niveau de fonctionnement antérieur de Mme I et de ses excellentes stratégies de compensation.
Par ailleurs, c’est également le seul outil permettant de caractériser l’équilibre dynamique entre les fonctions exécutives et attentionnelles en y incluant une mesure de réaction à la difficulté.