Cas Clinique : MME D, 56 ans
Contexte de l’évaluation : Mme D est une femme de 55 ans, de très bon niveau socio-culturel, ayant été infectée par le COVID-19 en octobre 2020. En arrêt maladie suite à l’infection, Mme D a repris un mi-temps thérapeutique en Octobre 2022. La plainte relative à la fatigabilité, et au spectre des fonctions exécutives et attentionnelles (oublie de ce qu’elle doit faire, difficulté dans la gestion de tâche multiple, ralentissement) perdure, bien qu’en progrès.
Depuis l’infection, les troubles du sommeil, auparavant légers se sont intensifiés. Mme D a bénéficié d’un traitement par antidépresseurs, aujourd’hui arrêté.
Un premier bilan neuropsychologique est réalisé en Mars 2022. Un second bilan de suivi est réalisé en Octobre 2023 à la demande de la patiente afin de comprendre la persistance de la plainte.
Bilan Cognitif Mars 2022
WAIS-IV :
Le bilan cognitif réalisé en Mars 2022 met en évidence le fonctionnement de haut à très haut niveau de Mme D, malgré l’hétérogénéité de ses performances. Le profil met en évidence un point fort dans le domaine du raisonnement verbal, qui se situe dans la zone très supérieure. Le reste du profil s’établie à la limite entre la moyenne haute et la zone supérieure.
En Mars 2022, le bilan neuropsychologique objective de légères fragilités exécutives et attentionnelles avec des effets de surcharge en particulier lors des tâches complexes (D2-r et PASAT audio) sur le plan attentionnel. Mme D est débordée. Le reste de ses performances sont dans la norme mais contraste avec ses capacités intellectuelles qui se situent dans les zones supérieures, objectivant ainsi la plainte ressentie de la patiente, et notamment son ralentissement exécutif (Test de commissions modifiées, Stroop, D2-r, etc.). Les éléments anxiodépressifs sont par ailleurs important et associés à des troubles du sommeil.
La réévaluation en Octobre 2023 met en évidence une amélioration globales des performances de Mme D qui normalise la majorité des domaines décrits comme fragiles à l’évaluation précédente. Les effets de surcharge ont globalement disparu, mais la double tâche reste couteuse pour cette patiente qui apparait alors ralentie. La mise en place de stratégie exécutives efficace prend du temps (Essais 1 du CVLT). On observe une amélioration de la symptomatologie anxiodépressive dans l’ensemble, malgré des scores qui restent limites. Les troubles du sommeil perdurent sans évolution.
Test MindPulse :
En 2022, le MindPulse met en évidence des performances équilibrées, sans ralentissement exécutif ni perceptivo-moteur (TRS) et avec une précision dans la moyenne. La réaction à la difficulté apparait normale.
En 2023, Mme D présente cette fois-ci un ralentissement perceptivo-moteur modéré, qui contraste avec une vitesse exécutive satisfaisante. La précision est légèrement fragilisée, et la réaction à la difficulté indique une légère survitesse.
En 2022, l’analyse des temps de réponses met en évidence une dispersion importante en particulier dans la première partie, indiquant une vigilance légèrement altérée et en association avec une réponse aberrante.
On remarque par ailleurs deux erreurs de choix en deuxième et troisième parties du MindPulse, indiquant une altération de l’inhibition chez Mme D.
En 2023, la dispersion s’est normalisée, mais Mme D commet une erreur supplémentaire qui indique une fragilité du contrôle exécutif qui reste orientée vers l’inhibition.
La réponse aberrante se retrouve à nouveau en première partie.
Au total, En 2022, le MindPulse de Mme D apparait globalement équilibré mais révèle une légère altération de la vigilance et des capacités d’inhibition. Les mesures de vitesses sont dans la moyenne, mais Mme D présente une certaine dispersibilité de ses performances.
En 2023, le MindPulse est marqué par un ralentissement perceptivo-moteur modéré, qui reste dans les normes, et s’associe à une fragilité exécutive toujours marquée sur les capacités d’inhibition. La vigilance et le contrôle inhibiteur restent les deux domaines de fragilité bien que le sens du léger déséquilibre ait changé depuis la première évaluation.
Conclusion :
La réévaluation montre une amélioration progressive des performances exécutives et attentionnelles de Mme D bien que certaines fragilités persistent, en particularité en comparaison de son profil cognitif supérieur à la moyenne.
Le changement de performances au sein du MindPulse et en particulier du « ralentissement » nouvelle observé peut s’expliquer par l’arrêt des antidépresseurs de la patiente. En effet, la prise d’antidépresseurs entraine une légère accélération des temps de réponses chez les patients souffrant de troubles dépressifs, là où en l’absence de prise médicamenteuse, ces mêmes patients présentent généralement un léger ralentissement des temps de réponses comme observé chez Mme D. Ce constat permet également de rappeler qu’un résultat dans la moyenne faible (zone orange) au MindPulse reste dans les normes, bien que signe une légère fragilité.
La persistance, mais en progression, des fragilités exécutives chez Mme D peut s’expliquer par l’évolution naturelle des séquelles du COVID-long et des troubles thymiques et du sommeil que l’on retrouve toujours chez elle. Le MindPulse offre ici une lecture sensible sur les variations cliniques et subcliniques des profils de prise de décision chez une patiente de haut niveau.